miaoum regarde le bordel sur cette table, qui à l'origine, était une porte...
Deux tiroirs qui attendent quatre écrous borgnes, un pot de stylos de toutes les couleurs, un paquet de thé dégueu, don généreux de sa mère à sa fille, une bière blanche dans sa bouteille, une bouteille de sprite zéro vide, une pleine, du coca zéro sorti du frigo et qui ne durera pas jusqu'à la fin de ce texte, des papiers, une coupe emplie de clémentines, cartons divers, feuilles en vrac, une balance.
Une boite à bordel de "steampunkisation", contenant un vieux pommeau de douche, une mini perceuse, un pistolet à colle une paire d'antique goggle de soudeur en bakélite que j'ai commencé à customiser mais sur lesquelles je n'ai aucun retour encore, et des petites boites.
Dans ces petites boites, d'abord, les pièces inutiles, pour le moment: les cadrans de montres trop modernes, les mécanismes aux pièces inox de facture trop récente. Dans la seconde, les aiguilles collées à un aimant, temps qui passe, temps qui tombe et se retrouve fixé en dépits du bon sens, petites aiguilles qui font face aux grandes, ou leur tournent le dos...
Dernière boite, les mécanismes ayant subi un premier démontage, encore bruts aux engrenages qui tourneraient sûrement si les remontoirs étaient en place. Mais les aiguilles ne sont de toute façon plus là, pas de temps figé pour l'éternité, pas de tic-tac régulier, mécanismes cassés...
D'une montre désossée, on peut improviser de jolies décorations, fouiller dans leurs entrailles et à défaut de les réparer -mais à quoi bon les réparer dans cette société de consommation?- transformer ces engrenages, ces infimes rubis comme de minuscules gouttes de sang, en ensemble d'un autre chose, que l'on construit soi-même...
Mais ce ne sont que de veilles montres, à l'époque où tout s'achète, se remplace.
Il y a une mécanique bien plus fragile, ou solide, je ne sais plus, que l'on peut aussi réparer, si le besoin s'en fait sentir, une mécanique qui fait fonctionner ce drôle d'engin, cet énergumène, mais qui si elle n'est pas surveillée, remise en état, fera qu'il n'y aura rien à récupérer sur la carcasse qui la contient, et que cette carcasse, n'est pas remplaçable, n'est pas égalable, de par ses mécanismes, son fonctionnement.
Un modèle unique, mécanisme rare, que parfois, on n'a pas la chance de croiser en une vie...
J'ai cette chance d'avoir trouvé ce modèle où toutes les pièces et les rouages sont agencés de manière à en faire une pièce unique et qui m'est bien plus précieuse que tout ce que j'ai jamais pu croiser, et je veux le garder le plus longtemps possible, et j'en voudrais même plus encore.
Depuis le temps...
Et pour longtemps.
C'est vraiment difficile à commenter tellement c'est personnel. Alors bien sûr, on pourrait ajouter ici ou là des petites pensées aigües, de collection, remettre les pendules à l'heure, ou des pensées folles parce que le temps à fini par les rendre circulaires à force de tourner à l'envers ou à vide. Mais à quoi bon vouloir assembler les aiguilles du clocher et le mouvement d'une précieuse 103 pour faire vivre un temps qui s'oublie ?
RépondreSupprimerC'est pas le temps qui ronge tout jusqu'à lui même, c'est l'ennui du vide, froid comme la neige que l'on met au congélateur pour rafraîchir le cœur d'un été en pente douce.
Les pendules s'arrêteraient si elles disparaissaient à nos yeux, et finiraient dans les petites boîtes à souvenirs immobiles. La place des mouvements de précision, c'est près du cœur, près des yeux, là où ils restent inaltérables et justes.