lundi 2 mai 2016

Des témoins...

De la première...

Du témoignage du chat...

Bon alors, j'étais pénard dans le noir, installé sur le repose pied, en train de chopper les rayonnements du foyer quand il a débarqué... Lumière en plein minuit... manteau en forme de caban, pas hésitants... j'ai failli me carapater vu que je ne connaissais pas l'intrus... mais tout de suite il m'a repéré, m'a mis la main au panier et a commencé à me causer... bon j'ai rien compris de ce qu'il m'a dit, je suis une panthère moi, je ne cause que le Germain.. mais vlà qu'il s'installe dans le fauteuil alors qu'il continue à me prodiguer quelques massages ma foi, forts potables pour un félin... Je lui montre que je sais être aimable alors que mon ronron se met en route... Je le vois scruter l'horizon de la baraque, à sourire à la vue d'un étendoir plein de collants et de leggings... A plisser les yeux pour deviner la silhouette des mannequins dans la pénombre... A détailler le reste de la pièce...  Puis il se met à manipuler un engin... je pense que c'était un téléphone... quelques mouvements rapides des doigts... il s'arrête alors en fixant l'écran... puis il se met à sourire et recommence... comme ça au moins cinq ou six fois... Puis d'un coup, il se lève et se dirige vers l'escalier... bidouille les interrupteurs... Noir à nouveau... La dernière fois que je l'ai vu, il disparaissait, englouti par la vis en bois...

Du témoignage de l'araignée

Oui, oui... j'ai tout vu... de tous mes yeux... oui oui, les quatre paires... je n'étais pas encore couchée vu que dans la cabane, on m'exploite à pas d'heure pour que mes filières se mettent à cracher du latex... non mais je vous jure, elle a de ces idées la châtelaine... bon pour l'instant la greffe n'a pas pris, et je ne tire que de la soie... mais on y travaille, on y travaille... Oui donc, j'étais en train de turbiner dans le couloir du premier étage quand je l'ai vu arriver... Bon ça n'a pas duré bien longtemps, c’était en mode furtif même si les marches ont couiné comme à leur habitude... Mais il avait l'air de savoir où il allait... dans la chambre de la patronne, direct... Pourtant je suis à peu près certaine de ne l'avoir jamais vu ici... Ben après... rien de particulier... Ah si... un boucan de rires, de ahanements et de coups rythmés dans les murs... J'ai pas pu fermer les yeux avant facile 4 heures du mat... oui oui les huit ocelles... j'en avais des frissons...


Du témoignage du playmobil...

J'ai été enlevé par une folle dingue, je pense que c'était au moins la veille des événements... Elle m'a tout dépouillé de mon attirail pour m'enfermer quasiment à poil dans une geôle qui ressemblait à un œuf... Mais moi, vous comprenez, je suis un chevalier de la Haute et je n'ai pas l’habitude que l'on me rudoie de la façon... Maman, sortez moi de là, s'il vous plait... Mais j'ai eu beau supplier de l'aide... J'ai essayé de tout défoncer avec ma masse d'arme... mais bon vous avez vu comment je suis gaulé, la coque de l'ovocyte me résistait... Puis j'ai d'abord eu cette sensation étrange de manquer d'air, je suffoquais ... Quoi vous êtes certain !?... Elle m'a enfermé dans une poche de latex... Ouh les bras m'en tombent... Et puis après j'ai été secoué pour me retrouver dans une sorte d'atmosphère chaude et humide... son quoi !?.. Son sexe... Ouh les jambes m'en tombent aussi... Mais c'est quoi ces tortures inhumaines que l'on applique à un pauvre homme de plastique... Oui, oui.. je pense que c'est à partir de ce moment que j'ai perdu connaissance... De ma libération, je n'ai aucun souvenir... Je me suis retrouvé dans ma poche d'origine avec tous mes accessoires... juste une épée a été perdue dans la bataille... Qui l'a vue... ?! Qui m'a libéré ?... Un homme à caban...!!! Ah....!!! Un pirate sans doute...

Du témoignage du pirate au repos...


C'était à la nuit tombée, je venais de débarquer, cargo de nuit.... j'me baladais sur l'avenue (bon en fait c'était plutôt des petites rues pavées), le cœur ouvert à l'inconnu (euh non, j'avais l'organe vraiment noué du coup), j'avais envie de dire bonjour à n'importe qui (ben pour sûr, une masse planquée sous une couette, cela pouvait être vraiment n'importe qui !!!), ...n'importe qui et ce fut toi, je t'ai dit n'importe quoi (Bonsoir ****** !)... il suffisait de te parler pour t’apprivoiser (oui c'est ça, il suffisait surtout que je me mette à poil corps et âme).... tu m'as dit "j'ai rendez vous (ben oui , je sais, c'est avec moi... ouah le boulet)... dans un sous sol avec des fous (ah oui t'as une cave aménageable et parfaitement capitonnée... ça m’intéresse)... qui vivent la guitare à la main du soir au matin" (c'est plutôt spécial comme accessoire pour une fessée non !?) ... alors je t'ai accompagné (mais avec grand plaisir...) ... on a chanté, on a dansé (t'es certaine!? ... j'aurais plutôt dit "on a crié, on a baisé"...) et l'on a même pas pensé à s'embrasser (moi aussi, j'ai un doute...)... Hier soir deux inconnus et ce matin sur l'avenue... (bon dans votre coin, vous appelez ça des avenues... c'est entendu..)... deux amoureux tout étourdis par la longue nuit (ben moi qui me croyait éjaculateur précoce !!!).... et de l'Etoile à la Concorde (mine de rien ces mots ont un sens et pas nécessairement géographique...)... un orchestre à mille cordes (ça faisait un de ces boucans, j'ai encore des acouphènes...) ... tous les oiseaux du point du jour (c'est chiant de dormir dans une chambre sans volets !!!)... chantent l'amour... (ah ben alors s'ils le chantent, c'est que je suis aux champs Élysées...)

Première.

Cela ne pouvait se passer autrement...
Lorsqu'il a été question de cette première rencontre, je ne pouvais l'imaginer autrement, et il s'avère que c'est exactement ce que tu m'as proposé à quelques infimes détails près.
Qu'importe que ce soit risqué, qu'importe que ce soit complètement cinglé...
Et non, je ne dirais pas "qu'importe que tu ne me plaises pas", car de tes mots écrits, j'avais découvert ton âme, découvert ta complexité, ta richesse... Et je tombais amoureuse, ton enveloppe m'importait peu. Je ne sais pas quel était exactement ton état d'esprit, toi qui par les circonstances de cette rencontre pouvait te dire "au moins, je baiserais", sachant à quoi je ressemblais de mes photos affichées et ne te dégoutant pas, moi n'ayant eu que ton visage...
De ce que j'avais lu de toi, dans ton "conte de faits" et qui n'était pas accessible à tous apparemment, de nos échanges sans masques, je sentais que tu étais un homme à l'esprit aiguisé, introspectif, sans concessions... De beaux yeux, une fossette, une description volumétrique franche et ne me permettant pas de m'illusionner.
Mais quand même...
De là à n'imaginer pouvoir te rencontrer qu'au petit matin, que tu viennes me cueillir au creux de mon lit, nue, attendant que tu le sois également pour les ouvrir...
Le côté romantico-niais du "puisque tu ne peux pas être réel, il est logique que ce soit dans mon sommeil que tu arrives"? En toute sincérité, non. Mais le fait qu'une rencontre à l'extérieur aurai faussé la donne, je ne me sentais pas capable de rester naturelle, de ne pas chercher à te préparer un plan pour te déstabiliser, pour prendre l'ascendant, pour ne pas m'autoriser à me laisser aller...
D'ailleurs des plans, il y en a eu quelques uns, reportés mais que je garde bien au chaud, eux aussi...
Eux aussi, parce que.. C'est moi, je ne peux pas m'en empêcher, il a fallu que lorsque tu me dises comment tu imaginais  notre première rencontre, de la même façon que moi hormis pour l'horaire, je t'avais préparé une surprise...
La veille, lessivée du boulot de 6 à 14h, je suis partie faire un tour à Toys'r Us...
Dans notre mythologie commune, il est question de licorne mauve, de chapin, et dans le récit de ta quête en cours d'écriture, d'un prince aux abords un peu niais...
J'étais donc partie à la recherche de quelque chose qui puisse s'y rattacher, sans idée précise, enfin si, un peu, quand même... Le premier critère étant un critère de taille. Avant le magasin de jouets, un tour à gifi pour trouver un œuf, en période pascale c'était de circonstance... Mais rien, simplement de ces moches boules de plastique transparent. Déçue. Alors au magasin de jouets, dans les rayons des personnages animaux, une loooooongue promenade, à l'affût... Non, finalement, ces petits chats sont trop niaiseux, ce lapin est ridicule. Il y a bien les figurines classiques, moui, je garde l'idée en tête... En fait, je recherche un playmobil chevalier et une licorne playmobil, oui, ça ce serai parfait... Mais voilà, la licorne n'est pas mauve et dans un coffret à 17€, ça fait cher la blague, puisque le chevalier est lui à part et à 7€... Dire qu'il existait des mini-box, et que le petit-garçon-qui-se-prend-pour-un-chevalier c'était pile poil ce qui t'allait, mais que je me prend dans les dents que c'est un vieux modèle qu'on ne fait plus depuis longtemps Madame... Septième, huitième tour du magasin, "ah mais c'est génial ça, dites-moi, mademoiselle, les oeufs en déco, là, à côté de la petite cabane, ils sont trouvables où en rayon? Quoi, c'est votre déco, ce n'est pas à vendre? Ah mais non, ce n'est pas possible, j'ai besoin de cet oeuf là, celui-ci, le violet à fleur, pas le plus gros, pas le plus petit, non non, celui-ci... Mais comment ça vous ne voulez pas le vendre? Vous avez quelque chose d'équivalent peut-être?" Nouveau tour des rayons avec un vendeur qui me propose un article pour lequel je lui explique que non, ça, c'est beaucoup trop gros... "Mais vous savez, pour un petit enfant, si c'est trop petit, ça peut être dangereux"... Hinhinhinhinhin... "Non, mais c'est pour un grand enfant vous savez, et vraiment, il n'y a que celui de la déco qui convienne, vendez-le moi!!" Après une âpre négociation d'une dizaine de minutes, yes, je peux l'acquérir!! Il faut donc maintenant vérifier que le chevalier rentre dedans... La responsable, fort intéressée par mes recherches, tente donc de démonter le diorama centre équestre des playmos pour vérifier la possibilité des les transformer en poussin, mais voilà, ils sont collés. Pas grave, je suis sûre que ça rentre, et puis j'ai aussi pris le lapin classique, il subira une petite transformation simplement.
A rire seule, je rentre chez moi et m'active, bon sang, je ne pensais pas me retrouver dans cet état un jour, à devoir attendre le lendemain aussi impatiemment...
Journée à ranger, trier, essayer de ne pas écouter mon ventre qui se tord de trouille, à téléphoner à une amie qui se moque, sinon, ce ne serai pas une amie, et à qui lorsque j'annonce le plan de la rencontre trouve que "s'il le fait, eh bien il a une sacrée paire de bollocks"... Oui, c'est complètement dingue.. Mais ça nous semble juste.. Naturel...
Minuit moins la quart, tu dois arriver à minuit une..
Douchée, clope fumée, dents brossées, énième vérification de la porte bien ouverte, téléphone chargé, avec moi... Lit fait, peau de loup de plastique sur la couette, il fait bon dans la chambre, et j'entends la porte d'entrée. Je connais les moindres soupirs de ma maison, et je sais que lorsque la porte est franchie, il te faut bien peu de temps pour arriver au salon, et prendre l'escalier...
Bruit de la porte du salon alors que je viens d'éteindre la lumière du chevet.
Mais je n'entends pas de pas dans l'escalier, seulement dans le salon où le feu ronronne doucement. Puis rien.
Mon portable qui sonne d'un texto reçu...
Quelques échanges, je souris, je n'ai pas peur, je suis... je suis impatiente, je suis.. Terrée sous la couette, et j'attends.
Je t'attends.
L'escalier craque enfin, tu as fini de discuter avec le chat qui lui aussi ronronne, tu as décidé de te lancer dans le vide en gravissant la vis en bois.
Le roulement de la porte.
Le sol qui craque et je sais que tu es au pied du lit que tu ne pouvais pas encore voir.
Sous la couette, mes cheveux ne dépassent même pas...
Un poids au bas du lit qui avance vers la tête, tu t'es allongé contre moi.
Vu la rapidité, tu ne t'es pas déshabillé.
Et je me dis que oui, même si je ne les ai pas vues, tu en as une sacrée paire, de savoir que tu te déshabilleras sous mes yeux toi qui ne l'a jamais fait, toi qui ne t'aime pas...
"Bonjour ****".
Le refuge de ma couette qui glisse et je me tourne vers toi...
Tu as le visage beaucoup plus long que ce que j'imaginais de ta photo.
Mais ces yeux qui semblent sourire avec ces rides qui les habillent.
Ta bouche.
Je ne sais plus exactement...
Je crois que nous nous sommes embrassés?
A moins que nous ne nous soyons que regardés?
Non, embrassés, et il t'a fallu ensuite te relever, et devant moi te regardant, te mettre à nu.
Après celle de ton âme, celle de ton corps.
Tu avais déjà donné à lire ce que tu étais à ceux qui voulaient, saisissaient le sens de ces mots apparemment "trop rigolos"..
Mais ton corps, jamais.
Presque imberbe.
Rond et lisse.
Peau craquée, de tes envies qui tentent de s'échapper ou t'ont plombé, craquant ton derme, le marquant de striures blanches.
Tu es courageux.
Ou inconscient?
Ou sûr de toi?
Tu es là, et tu quittes ton uniforme d'homme standard, sans histoire, qui n'a jamais cherché à se mettre en valeur je pense, bonhomme aux fringues d'ado mal dégrossi (on dirait moi!!), et aux cheveux grisonnants sans coupe valorisante...
Tu es à la fois un gamin, et un homme plus vieux que son âge...
Je souris, parce que ce courage quand même...
Toi aussi.
Il faut bien se donner une contenance...
Tu reviens contre moi.
Sous la couette...
Ta peau. Pas d'odeur de propre ou de sueur, une peau neutre, lisse, douce.
Ta bouche.
Contre la mienne.
Ta langue.
Dans ma bouche.
Ton menton abrasif et sa brûlure à ma peau.
Tes mains. Sur moi, sur ma peau.
Ton corps qui se presse contre le mien, se serre.
Ton sexe qui bande.
Ton avidité.
Tes doigts qui s'aventurent à mon sexe.
Remplacés par ton sexe.
"Mais attend, j'ai une surprise pour toi!!"
Prendre ta main, et poser tes doigts entre mes petites lèvres.
Les accompagner par une pression à s'aventurer dans mon sexe.
lâcher ton poignet, et te laisser fouiller.
Me fouiller.
Tu sens un petit bout de caoutchouc, comme un nœud à un ballon.
Mais cette enveloppe de plastique n'est pas une baudruche. Tu tires dessus, ça ne vient pas facilement.
Et puis tu glisses tes doigt autour, tu glisses tes doigts et sens quelque chose de dur.
"Poussez fort madame, c'est.. Un oeuf!!!"
Oui, cet oeuf négocié à Toys'R Us. Tu souris. Mais il faut défaire le noeud, et regarder à l'intérieur, un oeuf, il y a quelque chose dedans.
Et tu ris.
Tu ris devant ce chevalier playmobil avec son destrier, sa masse d'arme et son épée, et tu ris encore plus lorsque je te dis que regarder encore et que tu découvre ce Pollop que j'ai affublé d'une catsuit au markeur...
Ensuite...
Sombrer d'épuisement, quatre heure trente plus tard, la bouche sèche d'avoir gémi, râlé, éreintée de t'avoir fait jouir tant de fois, d'avoir joui tout autant, et de ton sexe ne débandant pas un instant, réclamant grâce à ton exploration, ta découverte du sexe, la découverte de tes gènes pudiquement cachées sous des sourires, de mes interrogations à tes mouvements, ton regard qui se détourne ou au contraire à tes yeux se plantant eux aussi en moi...
...
Mais c'est une autre histoire...
Et si je relate celle ci, c'est juste pour te prouver que tout ce que j'ai écrit avant ne fait pas de moi quelqu'un de "plus" que toi.
Que tout ce qui a existé n'a été possible parce que je n'étais pas seule.
Que je pensais que plus jamais cela n'arriverai.
Que grâce à toi, je sais désormais qu'il y aura d'autres histoires, d'autres récits, d'autres textes.
Parce que sans toi, je ne serais rien.