lundi 10 décembre 2012

Mais alors, t'es dans une secte?

Lorsque vous dites que vous "faites" du bdsm surtout en tant que soumise, les gens ont tôt fait de vous cataloguer de pauvre personne faible (sinon que feriez-vous aux pieds d'un homme) manipulée par un pervers (qui doit ainsi planquer son passé de violences) qui abuse de vous.
Vous pensez que lorsque l'histoire dure, la perception des choses change?

Eh bien non.

Les dubitatifs ne le sont que plus, et les suspicieux pourraient être scénaristes pour canal+...

Ils vont vous voir évoluer. Être bien. rencontrer des gens, passer des week end avec des amis qu'ils ne connaissent pas (ce qui est AUSSI le cas quant on refait sa vie "normalement", mais bon...) et qui sont obligatoirement des pervers. Qui doivent abuser de vous. Qui n'êtes finalement qu'une salope qui ne vit plus que pour son cul.

Las...

Vous pourriez vous battre, vous pourriez revendiquer.

Mais franchement?

Du moment que vous êtes bien, vous, dans vos talons aiguille / votre corset en cuir / votre jupe en latex?
Est ce que parce que l'on a une relation D/s, on doit obligatoirement prôner cela comme étant "la" relation à expliquer au peuple pour son bonheur, où le taire comme un secret?

Il y a en ce moment une grande ambition dans le "milieu" bdsm français qui est de vouloir créer des associations pour promouvoir ce monde.
A croire que l'évolution qui arrive dans les mentalités concernant le mariage homo donne des velléités aux minorités sexuelles de se joindre à la fête.
Mais que les LGBT se fédèrent afin d'obtenir des droits, les mêmes que Monsieur/Madame hétéros, et ne soient plus considérés, finalement, comme des humains mais n'ayant pas tout à fait les mêmes droits, je comprends.

Mais revendiquer une communauté BDSM, je me demande dans quel but?

Depuis quelques années, sur divers supports, je pense faire partie d'une "communauté" que je me suis choisis, au gré d'affinités, de fréquentations, un cercle d'ami, même.
Nous mettons nos savoirs, nos bon plans en commun, nous échangeons, nous rencontrons, passons de supers week-end, bien loin de la fièvre parisienne et de son show, même si nous allons, ou non, dans certains lieux "références". Mais nous avons les nôtres, notre organisation, les gîtes que nous louons sans que personne ne cherche à faire de profit, si ce n'est celui d'échanger, se voir, passer du bon temps entre pervers amis. Sourire*

Auprès de ces personnes là, rencontrées sur divers forums et qu'un seul finalement fédère, j'assume, je vis mon BDSM. Non pas parce que j'en ai honte, que je cherche à me cacher, mais parce que ma sexualité n'a pas à être une affaire publique et que je choisis les personnes avec qui je le partage.

Quel serait l'intérêt "d'ouvrir le bdsm" aux vanilles, que revendiquer?

Le droit de se faire fouetter, de se balader en total look fétish, "dédiaboliser " nos pratiques? Pardon, mais qu'apporterait cela? et puis ensuite quoi, des assos vanille "j'aime la levrette mais je boycotte les marchands de moquette parce que ça brûle les genoux et que je veux pouvoir pratiquer sur du lino en tous lieux"?..

Je plaisante, mais je pense que chacun peut trouver une communauté où il se sent bien, et qui donne sens à ce terme, bien loin des effets revendicatifs inutiles. Et puis cette visibilité réclamée, à quoi servirait-elle? Peut on se targuer d'être underground si l'on cherche la lumière?

Des "communautés" existent bel et bien mais il faut se donner, je pense, la peine de les chercher, de se les créer car j'ai le sentiment, de cette doléance, que ce serait (encore) un moyen pour beaucoup de revendiquer, de réclamer, mais sans agir.

Personnellement, je fréquente un forum qui me correspond, où des affinités se sont créées, et qui vont bien plus loin que de préparer la bouffe pour 15 personnes en vue d'un week-end où personne ne fera de profit financier et permettra à chacun de passer deux jours dans un super cadre pour 35€, sans peur du jugement et sans réclamation autre que celle de pratiquer tranquilles, et je n'ai pas envie que sous prétexte de "fédération", n'importe quel voyeur se targuant d'être membre réclame le droit de venir taper l'incruste "parce qu'on fait partie du même monde"...

Ce qui ne m’empêche pas de proposer à une soum en errance que je connaissais finalement peu de venir squatter chez moi le temps qu'elle se refasse une santé financière même si c'est quelques mois, de proposer mon aide pour faire des travaux chez ceux qui en ont besoin, en échange de bras pour un déménagent ou la pose de fenêtres éventuellement, de savoir que je peux être hébergée en Suisse, à Paris ou à Toulouse si j'en ai besoin.... Et sans coucher!!

La communauté, la vouloir, c'est bien, la réaliser, c'est mieux, même si ce n'est qu'à petite échelle...

Alors non, je ne fais pas parti d'une secte, je ne fais pas partie d'une communauté.
Pas plus que vous, lorsque vous êtes entre collègues à assister à un spectacle offert par le CE, à toi, qui a des potes de comptoir, à elle, qui a ses copines de manucure, à lui, qui a son groupe
de rock...

J'ai des amis, avec qui je partage certaines valeurs, même si ce ne sont pas toutes...
Mais là sera le sujet du prochain post...

4 commentaires:

  1. Il semblerait que les discussion d'un munch récent n'aient données des ailes à votre plume chere miaoum...même si je ne partage pas votre point de vue, je le comprends et la verve étant telle qu'on en viendrait presque à y adhérer :)Mais parfois il est dur d'être catalogué en pervers malsain, avec des clichés dignes des village people, lorsque le milieu professionnel ou amical se doute d'une sexualité à la marge du commun.A ce titre je souhaiterais parfois que le bdsm soit reconnu et non plus regardé de travers.
    Mais il en est de même pour la perversion qui est la mienne et qui se nomme "fetichisme". Au plaisir de te lire avec toujours autant de style et de plume, ou de t'entendre en débattre la prochaine fois :)
    Latexhood.

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  2. Par définition la secte a pour but d'enfermer. C'est précisément l'inverse, il me semble, pour ce forum que tu évoques. Chacun sort, ou essaye de sortir de soi, les échanges de ressentis y sont nombreux et les amitiés peuvent être assez fortes entre des couples qui se forment durablement ou des individualités.
    Cela dit, je ne suis pas sûr que cet esprit prévale partout. Peu importe, chacun est libre de vivre ce que bon lui semble, avec respect de l'autre, et ça, ça me semble être le cas dans ce fofo.
    silk

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  3. Coucou miaoum,

    Je me suis aussi, et comme tout le monde je pense, posée cette question de la revendication et de "l'affichage". Du coup j'en ai parlé à certains de mes proches et vu l'incompréhension voir même parfois la peur que ça provoquait je n'ai pas renouvelé "l'expérience".
    Puis je me suis ensuite posée la question de savoir si finalement c'était si nécessaire que ça à mon/notre bien être.
    Dans mes précédentes relations, je n'éprouvais pas le besoin de décrire mes pratiques sexuelles, pas plus que je n'ai le besoin de savoir si untel ou unetelle se fait prendre ou non par derrière, fait ça sur la table de la cuisine, matte des films pornos, ou au contraire garde sa chemise de nuit et ne fait "la chose" qu'une fois par mois la lumière éteinte.
    Oui on vit quelque chose de différent, oui on sait pour le vivre que c'est bien plus fort que tout ce que l'on a pu connaitre en vanille, et alors ??? on devrait vouloir évangéliser le monde au nom du Dieu BDSM ???
    Je ne pense pas. Chacun ses envies, ses besoins, ses limites, ses tabous et ses frustrations.

    Oh que oui il est bon, évidement de se retrouver dans cette "communauté" pour pouvoir parler et agir librement. Mais plus que le terme de communauté je choisirais celui de groupe d'amis choisis. Pour avoir passé une soirée dans un lieu parisien "réputé" je n'en ai pas éprouvé un plaisir particulier et surtout pas équivalent au plaisir que l'on peut avoir à se retrouver entre amis.
    Il y justement ces voyeurs, ces exhibs, ces "mate comme je suis un pro" etc. etc. et c'est obligatoirement le cas dans toute communauté crée sur un sujet commun. Ce sujet commun ne peut se suffire à lui seul pour garantir la "qualité" des participants.

    Ca me rappelle ma vieille époque de motarde, il fallait soit disant faire le V quand tu croisais un autre motard pour lui montrer ta "solidarité" et je me souviens de discussions "viriles" quand j'expliquais que pour moi le V était impensable puisque je ne savais pas si le gars croisé sur son brélon n'était pas un gros con violent et misogyne que je n'avais aucune envie de saluer et avec qui je ne me sentais aucune "communauté" de pensée. Le cul posé sur une moto ne me suffisant pas pour en faire un "gars bien".
    Il en est de même pour moi dans ce monde, s'amuser avec une cravache ou un paddle ne peut me suffire pour décréter que le mec vaut la peine d'être connu.

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  4. La peur n'évitant pas le danger, il faut savoir parfois, raison garder. Parler de tout, oui ! Et avec tout le monde qui plus est. Le charisme ne s'achète pas, pas plus que de se prétendre dom/domina, ne se vend. On peut parler de tout avec tout le monde. Être entendu, c'est une chose, se faire comprendre s'en est une autre. Reste à savoir si l'on parle en 2.0 (vaste blague) ou irl...

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