En bdsm on parle souvent de fouets, de martinets, de cravaches...
Qui me semblent finalement des outils anodins qui ne restent que tels.
Certes il y a toutes les dimensions que l'on peut y adjoindre mais je pense qu'ils ne remettent pas aussi certainement et évidemment face à la "violence" que chacun connait de la gifle.
Je m'explique:
La cravache fait partie de l'iconographie bdsm, le Maître en possède une, la soumise sait qu'elle en tâtera. Bien souvent, c'est le "premier achat coup de coeur" chez décath" avant de franchir le pas du sex-shop pour d'autres accessoires...
La gifle, en revanche, chacun l'a vécue.
Elle a une raisonnance "universelle" si je puis dire, et pas que par les bourdonnements qu'elle peut provoquer.
Sourire*
De celle reçue enfant d'un parent à bout de nerfs qui en devient celle de l'humiliation à l'adolescence ou à l'âge adulte...Chacun y a été confronté en tant que donneur ou receveur.
Seulement hors cadre bdsm, avec ce que cela implique: un geste unilatéralement exécuté.
Qui peut s'avérer traumatisant pour le baffé et culpabilisant pour le baffeur.
Alors face à cela, la "symbolique" de la torgnole est lourde car connue par tous même si propre à chacun.
Dites que vous avez une relation bdsm, on vous questionnera sur les martinets, mais dites que vous aimez qu'Il vous gifle, on vous regardera interloqué...
Autant la "violence" codifiée qui semble émaner de nos "jeux" avec accessoires peut être appréhendée ("vas y Johnny Johnny fais moi mal quoi, t'aimes bien qu'Il te maltraites ça te fait mouiller") autant la" violence" de la gifle semble immanquablement renvoyer à la femme battue, maltraitée, subissante sans aucun recours.
La gifle a très mauvaise presse.
Autant la fessée peut leur prêter à sourire lorsque vous en parlez à vos amis, frapper un fessier c'est infantilisant mais néanmoins érotique.
Autant lorsque vous dites que parfois, Il vous gifle, les yeux vont s'arrondir...
La gifle dans un couple bdsm arrive rarement de manière impromptue -hormis bien sûr si vous avez à faire à un MAîîîîître comme je les aime et qui bien souvent confondent relation de couple bdsm et relation à la mode 50's- et me semble être un pas à franchir autant pour le Dominant que pour le dominé.
Notre relation était déjà bien avancée lorsque la première gifle a été donnée, et elle n'a pas été franche et claquante.
Cela faisait quelques fois déjà que je Le regardais un sourire en coin, éloignant mon visage de Sa main posée et m'en rapprochant d'un coup de tête comme parfois les chats viennent quémander la caresse.
Mes yeux dans les siens, un "vas-y" qui a libéré Sa main me claquant la joue.
Sourire immense.
Souminatrice (soumise qui réclame à son Dom quelque chose alors que "normalement" c'est Lui qui décide)?
Peut être...
Je sentais bien Son "malaise" et si l'on parle sans cesse des limites de la soumise, c'est sembler oublier que le Dom aussi peut en avoir.
Nous en avons parlé alors. Il m'a dit cette image négative qu'Il en avait pour en avoir donné une à une ex-compagne à bout de nerf et d'arguments, et dont Il s'était évidemment voulu, ce côté violence conjugale inhérent au geste même....
Ce n'était pas tant la crainte des marques que la honte du geste qui finalement Le retenait.
J'avoue que je me suis fait un malin plaisir à Le mettre dans cette situation qui habituellement est inverse, une pratique proposée, suggérée, et dont on a envie mais n'ose pas franchir le pas... Le défiant du regard, attendant la torgnole, les yeux qui sourient.
Et vlan.
J'avoue que je n'ai pas été fière (puisqu'il semble falloir toujours en revenir à cela) de la prendre sans ciller (de trop) mais surtout fière qu'Il m'offre ce pas franchi et cette nouvelle symbolique amoureuse...
La première gifle a donné leur place aux suivantes, jouant sur l'aspect "transgressif" et provoc" de la chose lorsque la claque s'abat en "public" et avec le sourire d'une connerie dite, non pas punitive mais comme un "kesket'es conne" et me fait d'autant plus rire; que la baffe alors qu'Il est profondément ancré en moi, qu'Il me baise et que l'animalité surgit, mélangeant le plaisir des coups de boutoirs à la surprise de la baffe...
Alors à ceux qui assènent que "la gifle punit, la gifle humilie" je répondrais que non, la gifle n'est pas obligatoirement là pour "remettre en place" et uniquement cela, sans autre valeur possible, sinon mon anus, ça voudrait dire qu'il n'est là que pour faire caca?
Non, il y en a qui aiment prendre/donner des baffes sans avoir à prétexter la punition, l'humiliation.
Pourquoi toujours, sous couvert de pratiques hors-normes, chercher à les justifier, les légitimer hypocritement? Pourquoi toujours le Maître devrait Il être le seul instigateur, Le seul à faire dépasser des limites?
Alors j'ai peut être souminé sur ce coup (ahahaha) pour certains mais ce n'est pas pour autant que ce n'est pas Lui le Maître, et que nous prenons notre plaisir comme nous l'aimons sans autre justification nécessaire...
En bref, la baffe, j'aime.
(note: oui, la gifle bdsm c'est comme une baffe normale, c'est sur le visage, oui, il y a les oreilles, le nez, le cerveau pas loin et ça peut faire mal, donc prudence, mais je pense que si vous étiez du genre à claquer / vous faire claquer le beignet sans réfléchir, vous ne seriez pas ici à lire)
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Je peux juste te faire part de mon expérience avec Elle. C'était en public le long de l'eau, ça ne s'invente pas, je l'ai giflée, comme ça impromptu, jusqu'à ce qu'Elle baisse les yeux.
RépondreSupprimerJe savais qu'elle n'aimerait pas, je savais ne pas aimer, mais nous voulions nous mesurer, Elle a abdiqué.
Elle m'a dit, ça : jamais. Je Lui ai demandé de me regarder dans les yeux, je Lui ai dit que ce ne serai jamais plus.
Ce jour là Elle a su que la respecterai toujours.
Nos peurs étaient tombées. Définitivement.
La gifle est bien trop intime pour être jouée tout le temps. Ou alors, c'est que l'on sème énormément.
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