jeudi 29 novembre 2012

Mais alors, t'es maso?

Indécrottables sont les gens...

Et puis nous aussi, avouons-le.

Je ne suis pas une soumise qui a cherché un Maître, je suis une femme qui a rencontré un Homme qui s'intéressait au BDSM.
Le présupposé pour Lui était que dans ce "type" de relation, c'est la confiance qui prédomine. Lassé des rapports en faux-semblant, du compromis qui devient compromission sans que l'on s'en rende compte et sape lentement la franchise dans le couple, contribuant à l'éloignement, au fossé qui se creuse irrémédiablement lorsqu’à force de taire, la rancune devient rancœur, c'est le côté Domination/soumission et la totale franchise qui doit y être de rigueur qui L'attirait.

(Bon je dois avouer que peut-être, l'Homme n'étant pas libre, le fait d'avoir la possibilité du Maître, de répondre à des attentes que son couple ne pouvait Lui "offrir" et dont je sentais que ce ne serait jamais le cas, m'a permis de me lancer à fond dans cette histoire et les "modalités imposées" répondaient finalement à des attentes qui me semblaient nécessaires voir évidentes de l'échec de mes relations précédentes.)

Alors voilà, j'ai rencontré cet Homme, je me suis renseigné, j'ai discuté, échangé, et Lui ai proposé mon cou à ceindre d'un collier...
La base de notre relation était que nous pouvions tout nous dire, que nous n'allions pas reproduire en virtuel ce qui nous pourrissait en réel.

Mais...
Et le sexe, et le SM, et la contrainte, et les coups?
Ben oui...

Indécrottables, je vous dit, on a beau se targuer d'être D/s nous avons nous aussi, le cliché du SM en tête, comme si tout cela était indissociable...

Alors en virtuel, pour les coups, on repassera, en revanche, les positions à prendre, les "devoirs" sous forme de travaux pratiques avec photos en preuve à l'appui*, le grand n'importe quoi qui en découle à la "cap pas cap" et l'escalade dans le potache...

A distance, on peut jouer sur l'humiliation, sur les contraintes, sur l’excitation...
Mais il faut bel et bien attendre le réel, la confrontation des épidermes, pour pratiquer le SM.

Mais... pourquoi le SM?

Est ce nécessaire à l'Homme qui est déjà en couple et Maître d'une autre, comme un "prétexte" de ce que ne peut lui apporter bobonne et qu'il irait chercher ailleurs?
Je sais que je vilipende les illégitimes qui se fabriquent un BDSM de prétexte, je sais qu'Il n'était pas dans ce cas de figure Sa légitime étant parfaitement au courant (ce qui sera sujet d'une autre publication...ou pas...^^).

Je sais que dans notre cas, Il est arrivé avec une cravache...
D'ailleurs, cette fichue cravache semble l'outil symbolique le plus rapidement acheté par un couple BDSM, peut être parce qu'on en trouve à Décathlon sans problème...
Cette première rencontre n'a été que la poursuite de nos échanges épistolaires, nous lui avons simplement donné corps... Et cris.
Mais de ce que j'en retiens le plus, ce n'est pas cette "séance" de cravache mais bel et bien mon corps me trahissant pour me faire fontaine...
Il était clair que les horizons que m'ouvraient cette relation ne se limiteraient pas à me faire claquer le cul...

Alors une relation BDSM est elle obligatoirement SM?

Ben non...

Mais alors, pourquoi est-ce que je Lui livre mon séant à fesser au rouge, au bleu, mon dos à zébrer au redouté et redoutable fouet?

J'suis pas maso, quand ça fait mal, ça fait mal...

Seulement voilà, lorsqu'Il me fesse, je rie, je me tortille, je me cabre...
Pas de "punitions"physiques car la pire sera toujours Son silence, Son indifférence...
Les "coups" doivent rester dans le ludique, dans le partage, l'échange...
Je livre mon cul à Tes mains mais Tu me laisses l'illusion d'une fuite possible en ne m'entravant pas, la vie est trop courte pour se la rendre triste, alors quitte à faire quelque chose qui Te plaise, autant que cela me rende heureuse, et quand je suis heureuse, je rie...

Pourquoi du compassé?
Après les culs-serrés, pourquoi pas les cons-pincés, tant qu'on y est?

Nous avons essayé d'autres instruments, un martinet scoubidou en corde, des badines, des fils de réglisse, des spatules de cuisine...

Mais lorsque nous sommes dans ce cas de figure, nous sommes réellement dans l'expérimentation, Lui cherchant l'angle, l'intensité, moi écoutant mon corps, détaillant les ressentis, l'impact est-il superficiel ou profond, est-ce supportable sur le long terme ou rapidement insupportable?... Peu d'ustensiles trouvent gré à nos yeux il faut dire, et la cravache prend plus la poussière qu'elle ne strie mon arrière train.

Mais ne jouissant pas de la douleur, est-ce par pur esprit analytique ou curiosité que je me livre à Ses mains?

C'est vraisemblablement pour apprivoiser les sensations et pouvoir en jouer ultérieurement, non pas dans l'espoir d'en atteindre l'orgasme, mais de cette bulle qui se créé alors:
Lui aux aguets, guettant mes tressaillements, mes murmures, moi Lui livrant ma confiance brute: "je suis entre Tes mains, je suis Ton jouet que Tu peux à tout instant casser"...

Je n'y ai jamais atteint le tant vanté sub-space, je n'ai jamais joui de douleur, en revanche j'ai senti un cocon presque palpable se mettre en place autour de nous lorsqu'un après-midi, nue devant une porte, Il a utilisé le martinet que j'avais réalisé. Les brins étaient le prolongement de Ses doigts, tour à tour caresse ou morsure, impact doux et piquant d'un coup de vent sur une plage ou massif et prégnant, courant d'air avant, après l'impact, plus ou moins vif, plus ou moins lent...
Comme une sorte d'hypnose, de bien être se mettant en place, uniquement consciente de mon corps et de la danse par laquelle Il m'emportait.
Pas de douleur, juste du bien être, un échauffement progressif du derme, et comme irradiant de nos corps cette enveloppe qui nous ceint, réduisant notre monde à Lui et moi, délimitée par la longueur des brins du martinet...

Mais si je ne suis pas maso, pourquoi me fouette t'Il alors?

Si la cravache semble le BA-BA de l'imagerie BDSM, le fouet en "LA" figure symbolique. Impressionnante.
Le claquement, l'arabesque du cuir fendant l'air...
Et dans les films dispos sur youporn ou autre supports qui présentent de la boucherie digne des punitions de piraterie (ou de pays où la femme est soumise par obligation, mais c'est un autre débat...) rien n'est fait pour la sublimer.

Pourquoi me laisser fouetter, si je ne suis pas maso et que cela ne me fait pas jouir?

Une amie m'a fait remarquer "pense à toi".

Effectivement, Alcyon a été comme subjugué par le fouet, il faut dire que nous avions eu la chance de rencontrer un des plus grands, si ce n'est LE plus grand "fouetteur" bdsm  - Le Squale pour le citer- et que de le voir à l’œuvre est juste sublime, envoûtant. A tel point qu'apparemment, une fessée est plus intimidante que la danse de ses single tails. Sourire*

Bien loin des lacérations à coup de cuir, nous avons eu la chance de voir un homme portant son âge mais dont les yeux se sont mis à briller comme ceux d'un gosse devant le sapin au matin de noel lorsqu'appliqué, concentré tout en suivant le rythme de la musique qui passait, le ballet du fouet à commencé.
Jouant du crackers afin de défaire le nœud de satin du bustier de sa soum, touchant en rythme l'épaule, le flanc, la fesse, alternant, Maîtrisant. Un moment superbe.

Connaissant l'attirance de mon Maître pour l'instrument, j'ai eu le privilège d'avoir comme cadeau quelques minutes sous le fouet du Squale.
Approche technique car en effet, la manipulation de l'instrument demande un long apprentissage quant on veut bien faire (des mois d'entrainement, de "air fouet", avant de se lancer sur une personne) et je ne me voyais pas alors qu'Il s'y serait mis, qu'Il aurait appris, Lui dire "ben non en fait, j'aime pas tellement tellement"...

Cette "séance" m'a permis de savoir si je pourrais, si j'aimerais.
Ça a été concluant.

Alors masochisme de dévotion pour mon Maître et assouvissement de Son envie?
Peut être un peu, à la base.
Mais pour ce partage, pour ce travail qu'Il a réalisé, réalise, de s'entrainer, de progresser, pour jouer avec moi, n'est ce pas finalement moi qui reçoit bien plus que les coups que je prends?
Lors d'un passage sous le fouet, il y a la douleur, oui, mais elle s'apprivoise, et c'est aussi la partie psychologique du claquement non pas sur la peau mais juste à côté, l'attente de la touche qui ne vient pas pour mieux prendre au dépourvu ensuite.
Un jeu.
Dangereux, mais un jeu.
Douloureux, mais...
Une parade amoureuse.
Lorsque j'ai demandé une première approche de fouet, je l'avais demandé à ma marraine.
Ne s'en sentant pas apte, c'est son Maître qui me l'a prodigué.
Je ne lui aurai jamais demandé, à lui, car c'est à mes yeux dans un couple, bien plus qu'une pratique de "jeu".
Mais bel et bien des préliminaires.
Voir un rapport.
Est ce pour ça que ce jour là, j'ai du demander d'arrêter, au bord de l'évanouissement, non pas de subspace mais comme une mise en veille de mon corps?

Bref. La sensation était apprivoisée.

Alors, lorsque dernièrement nous sommes sortis et avons retrouvé des amis, que le lieu s'y prétait, j'ai tendu le dos.

Pour Lui faire plaisir?
Pour me faire plaisir?
Pour nous faire plaisir?
Pour la frime?

Oui, j'aime ce côté exhib et je suis fière (la fierté, en BDSM, c'est Hment bien quant elle est dans les deux sens) qu'Il soit regardé, admiré, complimenté lorsqu'Il utilise Son fouet.
Fière de ce qu'Il fait, fière du travail qu'Il fournit pour.
Fière de valoir cet investissement.
Oui, ça me fait plaisir qu'Il se serve de moi pour cela.
Oui, ça Lui fait plaisir de le faire.
Cette fois donc, je me suis livrée pour tout ça.
L'ambiance était détendue, peut être un peu trop, entre la musique inspiration mouettes sur champ labouré et l'Almanach Vermot débité à côté.
Toujours est il que je l'ai fait pour Lui, pour moi, pour nous.

La prochaine fois, je pense que je le ferais plus pour moi.

Car si je ne suis pas maso, il est indéniable que cette fois ci, j'ai approché quelque chose, j'étais au bord d'une nouvelle terre, devant une nouvelle porte.
Je n'aime pas la douleur.
Mais le fouet est hypnotique, il génèrerait presque une transe.
Il berce en frappant, il dissocie en jumelant la douleur et le rythme..

Alors non, ce n'est pas parce que je suis Sa soumise que je suis maso.
Et si, effectivement, je me laisse "taper dessus", ce n'est pas à coup de beigne que le premier venu pourrait allonger...

Je ne suis pas maso...

Je suis amoureuse.

Si cela suscite des interrogations, des haut le cœur, de l'envie, n'hésitez pas à le dire, les commentaires sont là pour ça.




3 commentaires:

  1. Je vois vraiment un côté romanesque dans ce que tu écris de façon si analytique, Cyriellenne, si je peux dire ça comme ça.

    Finalement, ce n'est pas le pourquoi qui m'intéresse, il doit être relatif à chacun et donc impalpable. J'aime l'atmosphère, cette lumière chaude du soir qui éclaire le chevalier venu, d'un coup de fouet, défaire les entraves de la princesse aux mains des bandits-pirates.

    Tu dis un certain nombre de fois que tu n'es pas maso. Beaucoup de fois. Pour dire quoi ? Que ça se situe sur un autre plan, que c'est un ressort moins mécanique qui te fait bondir, que c'est plus du domaine de l'esprit ? De la comme-union avec l'autre au moment ou l'émotion, la sensation est la plus forte ?

    Pour ca, il faudrait avoir la version d'Alcyon.
    silk

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  2. Merci Silk du, non, des compliments.
    Je vais rougir.
    Concernant l'avis d'Alcyon ce pourrait être intéressant, en effet...
    Je ne peux donner que ma vision, ma version.
    Nos ressentis, nos ressorts ne sont pas identiques.
    Et je pense que si nous "durons" c'est parce que toujours, nous en parlons, nous échangeons, afin de confronter nos points de vue, et nous assurer que toujours, c'est dans la même direction que nos regards se portent...

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  3. .....vois Alcyon, le funambule attitré, qui avance au fil de vos mots, bien assuré....
    Je me suis toujours demandé dans ma carrière de clown blanc, qui du fil ou de l'équilibriste était le plus indispensable à relier les étoiles. Les deux sans doutes.
    silk

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