Je suis blasée de voir ces "chroniques d'une fin annoncée", je suis perplexe devant les félicitations, les encouragements, ou le réconfort quand le mur est arrivé plus vite que prévu...
Entre:
-ceux qui se déclarent Maître et soum avant même de se rencontrer et de savoir si l'alchimie des corps sera présente alors qu'ils cherchent du réel;
-ceux qui n'avouent, ne s'avouent, pas qu'ils ne font ça que comme prétexte pour pimenter leur vie légitime où bobonne ne suce pas mais la secrétaire si,
-ceux qui trouve un Dom au lieu de chercher un psy;
-ceux qui n'apprennent pas de leurs erreurs et changent de collier, de nom, de "rang" comme si une nouvelle identité, une nouvelle histoire était LA solution...
Mais nom de dieu, les histoires qui durent, regardez comme elles ont commencé. Moi, je n'en vois qu'une qui fasse exception, mais sinon, les autres?
Mais bordel les gens, l'amour, c'est comme la bouffe:
soit on la prévoit, on choisit les ingrédients, on prépare, on cuisine ou l'on choisit le resto dont on a envie et on prend plaisir,
soit on est mort de faim et on bouffe à même la boîte, même si c'est de la pâté pour chien leader price...
J'ai honte de me dire soumise, de Le dire mon Maître, non pas parce que j'ai honte de ma sexualité, mais parce que j'ai honte quand je vois à quel point ces mots sont galvaudés, vidés de leurs sens...
J'AI HONTE!!!
...
Vous pensez que c'est dur, que je suis dure?
Il y en a qui font des enfants, ils ne s'étaient pas vus avant leur première rencontre mais discutaient depuis des mois;
il y en a des qui se marient sans avoir fait foin d'annonces et enchaîné, avant, les histoires,
il y en a des qui ont tenu bon malgré les bâtons dans les roues de la vie, des autres, sans renoncer au premier avis de grand frais,
il y en a des qui ont été confrontés à des TS et n'ont pas fuit devant un désespoir contre lequel ils ne pouvaient rien pourtant...
Alors dur?
Franchement, non.
Ce qui est dur, c'est de voir le chœur des vierges chanter des louanges d'une naissance qui ne mérite qu'un avortement.
Ce qui est dur, c'est de voir ce même choeur entonner quelques jours après l'oraison funèbre de cette fausse-couche.
Ce qui est dur, c'est de voir des queutards, des salops, des manipulateurs, être appelés Maîtres.
Ce qui est dur, c'est de voir des gourdes, des nymphos, des manipulatrices, être appelés soumise.
Ce qui est dur c'est de se dire "j'assume mon BDSM, ma soumission, ma sexualité, mais il n'y a pas que TF1 qui en donne une image de merde, il y a aussi ceux qui se targuent d'en être".
Je suis..
Dégoutée.
Et si je dis que j'ai honte, je n'ai pas honte de ce que mon voisin fait, j'ai honte comme un musulman peut avoir honte des terroristes qui prônent le Coran, comme un catho peut regretter qu'on l'assimile à l'Opus Dei, comme un allemand que l'on appelle boche...
Oui, j'ai dit que j'avais honte, et j'ai donné des comparaisons pour illustrer.
Et si j'ai honte, ce n'est pas parce que comme vous pourriez le penser, je me sens "entachée" par de tels comportements, mais bien parce que depuis le temps que j'interviens, et pas seulement ici, et pas seulement en virtuel, pour mettre en garde, informer, prévenir, désacraliser, revendiquer, je me dis que bon sang, c'est désespérant, et qu'autant il faut combattre les prosélytes qui rêveraient de généraliser le BDSM à la O afin de baiser de la novice, autant les victimes consentantes semblent ne pas vouloir... voir.
Je ne dis pas non plus que ceux qui se plantent ne souffrent pas.
Et pour ceux qui connaissent mes interventions, je suppose, vous vous doutez bien, que je ne rejette pas, mais là, une envie de gueulante parce que merde, avec ce que je m'investis (volontairement, oui je le veux bien) et que je vois arriver de manière récurrente, ben fallait que ça sorte. Quant à la présence quand ça foire, je suis désolée, mais je ne vais pas avoir plus de "considération" pour des gens en virtuel que pour mes filles par exemple:
Lorsqu'on prévient un gosse que "non, si tu fais ça, tu vas tomber parce que tu n'est pas prête/c'est trop haut/ c'est pas stable", si le gamin se rétame, et bien je lui dit juste... rien.
Et croyez moi ou non, mais en général, même avec un joli bobo, il ne la ramène pas...
Ce n'est pas du rejet, c'est uniquement ma conception des choses, qui rejoint le fait que JE considère que s'excuser ne devrait pas arriver, car il faut se comporter de manière à ne pas avoir à le faire...
J'ai dit que j'ai honte de me dire soumise.
Oui.
Mais je pourrais tout autant dire que j'ai honte d'être un humain occidental pour qui la société de consommation se retrouve jusque dans la seule chose qui pourrait valoir la peine vivre, l'amour...
Faut il encore mettre le même sens derrière ce mot...
Ici aussi le propre de la société de consommation, de cette vie où l'on nous dit qu'on peut tout avoir:
-Une voiture que votre salaire ne vous permettra jamais d'acheter? Il y a le crédit pour ça.
C'est pas parce que je n'ai pas les moyens que je n'y ai pas le droit.
-Du foie gras à tous les repas? Quant vos artères seront bouchées, on vous les nettoieras.
C'est pas parce que je risque d'en crever, qu'au moins, je ne boufferais pas tout ce que je voulais.
-Une envie de dépaysement mais sans l'organisation fastidieuse? Il y a les agences de voyage.
C'est pas parce que mes parents n'ont jamais quitté leur ville que le monde ne doit pas m'appartenir.
-Une vie sexuelle en couple morose? Il y a le net.
C'est pas parce que j'ai envie de sodomie et que ma femme ne veut pas que j'ai pas le droit de pas le faire...
Il y a une solution à tout, pour tout.
La démocratisation, c'est joli, ça permet de penser qu'il n'y a pas d'élitisme dans la vie, qu'on soit Smicard ou CSP++, on a le droit, tous, d'avoir tout ce que l'on veut.
On peut se contenter de demies mesures mais vouloir le beurre, de l'argent du beurre et du cul de la crémière en prime. Et on le réclame.
Parallèle dérangeant: les pédophiles qui ne repassent pas à l'acte sont ceux qui ont été suivis par des gens (fort rares, thérapie se pratiquant surtout aux US) qui n'ont pas fait que les écouter déverser leurs phantasmes qui leur semblent totalement légitimes (oui, un droit "d'aimer" les enfants qu'ils prétendent mes bonnes gens) mais leur ont fait admettre que non, ce n'était pas un droit, ce n'était pas normal. Le pédophile reste pédophile mais à conscience du mal désormais.
C'est un peu extrême, on parle de BDSM, je vous parle de crime. Certes.
Cependant je vois le même "raisonnement" entre le prédateur et le gentil MrToutLeMonde qui cocufie Madame.
"j'ai ces pulsions, j'ai le droit de les assouvir"...
Alors je ne dis pas qu'il n'est pas normal d'avoir des envies, des phantasmes, mais qu'à partir du moment où ça ne rentre pas dans la norme (sociétale pour l'exemple des pédophiles / du couple comme les partenaires l'ont prédéfini) il est bien de savoir y renoncer...
Et comme le BDSM c'est pas illégal, rendez-vous compte, si vraiment vous voulez le vivre...
Vous pouvez quitter bobonne/ Roro, et le faire!!
Tout à fait juste.
RépondreSupprimerJ'aimerais juste revenir sur le problème de la frustration et de l'interdit qui ont été déconseillés par une éducation que l'on pensait meilleure dans les 70'.
On a joué les apprentis sorciers avec une nouvelle philosophie d'éducation, de vie, résumée diaboliquement par la sentence (c'en était une finalement), "il est interdit d'interdire".
Avec le recul je pense sincèrement que c'était une erreur, même si ça a libéré une énergie qui alors était vouée au désespoir.
Il est absolument nécessaire de mettre des barrières, de positionner des interdits à nos ados (pas que, hein!). Juste pour qu'ils puissent les franchir, mais en pleine conscience de leurs actes, en se disant que oui, maintenant ils sont grands (l'est-on tout à fait un jour ?) et oui, maintenant ils peuvent assumer les conséquences de leurs actes parce que c'est réfléchi, c'est conscient. Réfléchir, faire remonter les pensées à un niveau de conscience, même à minima, ça évite souvent de faire des bêtises et refuser l'inacceptable simplement parce qu'on comprend que c'est inacceptable.
Ca se fait d'autant mieux qu'on a eu des repères, des interdits identifiés, des valeurs morales fortes qui induisent le respect de l'autre. Et de soi même.
Eduquer, c'est donner des repères, enseigner, donner des connaissances. Les parents éduquent, l'éducation Nationale....enseigne. Non ? Cherchez l'erreur alors.
Je suis sidéré de voir comme la frustration n'est pas tolérée dans notre société, comme on change de téléphone comme de partenaire. Parce qu'on y a droit ? Juste pour posséder plus ? Comme un besoin consumériste qui ne sera jamais assouvi totalement ? Sans contrepartie ? Sans devoir ? Même pas celui de se respecter et respecter l'autre ?
Il faudrait peut être penser, si ce n'est pas trop tard, que "JE" ne prime pas sur "NOUS" en toutes circonstances, que le temps est autre qu'un instant éphémère, que posséder n'est pas aimer et qu'avoir des droits c'est assumer en toute conscience des devoirs.
Merci pour tes textes qui font toujours réfléchir, miaoum.
Merci à toi Silk de tes commentaires avisés, à visée juste...
SupprimerLa frustration...
Je me suis parfois fait la remarque que certains épousent une personne, puis "reviennent à leurs démons bdsm"... Et je me demande s'il est plus facile d'épouser un Dieu qu'un humain, d'accepter de nier, non pas des envies, mais bel et bien son corps, son sexe, que lorsque l'on convole avec un de ses congénères..
Très intéressant en effet. L'univers de phantasmes dont tu parles m'est assez étranger je l'avoue, et pourtant je pense trouver des correspondances entre ce que tu racontes et de nombreuses autres sphères. Il y a là quelque chose d'universel.
RépondreSupprimerL'année dernière, j'ai passé beaucoup de temps dans des bars fétichistes gays à Tokyo pour Têtu, histoire de voir justement l'approche qu'avaient ces hommes de l'idée de transgression, de norme, de règles de vie, et c'était assez étonnant. Là-bas, les tabous traditionnels sont bien plus ancrés que chez nous.
On assiste à une véritable schizophrénie, une coupure totale entre la vie "réelle" et celle du phantasme, phantasme qui prend pourtant une dimension bien réelle dans des lieux précis, coupés du monde, à heures précises. Tout est chronométré, millimétré, l'équilibre est précaire mais apporte le frisson à des vies bien mornes, remplies d'inhibition et de culpabilité.
La société japonaise n'a jamais connu la révolution sexuelle que nous avons eue en Occident. Ces hommes qui se retrouvent en cachette ne veulent pas vraiment le beurre et l'argent du beurre. Ils luttent au quotidien avec leur vie officielle et ne vivent que pour ces instants volés. Ici, on a des libertés. Là-bas, si on transgresse la norme (n'importe quelle norme), on est exclu, totalement exclu, professionnellement, socialement, financièrement, on n'est plus rien.
Alors la révolution sexuelle a certainement apporté son lot de dérives, mais elle a aussi eu un apport non négligeable : celui de nous permettre, même si on reste considéré comme un "marginal" dans bien des cas, de vivre notre sexualité comme on l'entend, de pouvoir garder cela privé, de nous épanouir - en espérant tout cela reste mutuellement consenti, et surtout intègre, ce qui est peut-être rarement le cas. A bien des égards, notre société est hypocrite, mais nous avons le choix d'être intègre ou pas. Dans d'autres sociétés, certains ne l'ont pas vraiment.
Tout d'abord merci de ce message, cette réflexion.
SupprimerEnsuite, à te lire, je me demande si la société Tokyoïde et la notre sont finalement si dissemblables, passage de la révolution sexuelle ou pas.
Tout d'abord, l'imaginaire érotique nippon est incroyablement plus développé, et complexe (lorsqu'on lit par exemple les articles d'Agnès Giard)que l'occidental qui donne parfois l'impression de réinventer la roue , mais de part la dite révolution sexuelle, se sent si supérieure...
Imaginaire érotique plus riche, lieux adaptés, beaucoup de "perversions" bien mieux tolérées qu'ici, mais sous-jacent le risque de tout perdre...
Ici, je connais des fétichistes qui vivent leur addiction seuls devant leur écran, des adeptes de bondage qui se ligotent seuls, par peur du regard, du jugement des autres, par manque de lieux adéquats et suffisamment ouverts... Et la même crainte: qu'une femme se sépare de son époux pour vivre avec un autre, que le quitté apprenne ses accointances bdsm et le divorce sera périlleux, bien souvent...
Alors oui, je pense que théoriquement, nous avons la chance d'avoir le choix et de pouvoir l'assumer. En théorie seulement bien souvent, il me semble, car dites que dans votre couple, vous vous revendiquez "sa pute et sa soumise", sans parler de SM pourtant, vous serez vite mis au ban de ceux que vous pensiez vos amis, votre famille...
Alors certes, "un enfant si je veux", "mon corps m'appartient"... Mais des mots à la tolérance, il y a encore un fossé, d'autant plus dans notre société qui confond féminisme et victimisation...
Cependant, je ne revendique rien, je ne prône rien, je ne suis pas de ceux qui cherchent à convertir, mais je regrette que dans l'amour, car oui pour moi, ce n'est qu'une "autre" forme d'amour, les gens se placent, se vendent, comme des produits...
Je me rends compte que mon argumentation est bien légère, je suis admirative de la façon dont tu conduis ta pensée, et suis réellement curieuse de cet article que tu as fait pour têtu.
Alors merci de ton passage, de ta lecture, et de ton commentaire.
Tu dis miaoum, ".....des fétichistes qui vivent leur addiction...."
SupprimerComme si la frustration, celle de ne pouvoir vivre librement ses fantasmes, conduisait implicitement à la boulimie, l'addiction.
Pour avoir bien côtoyé nos amis Nippons, je confirme que tout y est bien organisé, millimétré, chronométré et que l'équilibre y est précaire, mais tellement excitant et addictif quand il s'agit donner libre cours à ses fantasmes. Pour faire se relâcher la pression sociale, aussi, et Dieu sait qu'elle est terrible là bas. Je n'ai pas rencontré d'autre civilisation où le poids de l'image soit si fort et où y déroger soit si socialement lourd de conséquences.
Juste un mot pour Camille : repassez souvent, ça évitera la frustration des coms blancs qui se traduit chez certain(e)s lecteurs(trice )par une tentation compulsive à l'écriture pour combler le vide. Merci pour votre contribution.